Installations rejetées : le cas de la valorisation énergétique inefficace à Maurice

Titre : Installations rejetées : le cas de la valorisation énergétique inefficace à Maurice

Introduction

Les usines de valorisation énergétique des déchets (WtE) ont gagné du terrain dans le monde entier en tant que solution potentiellement durable pour la gestion des déchets, mais à Maurice, ces installations n’ont pas répondu aux attentes. En 2018, la nation insulaire a inauguré sa première et jusqu’à présent unique usine de valorisation énergétique à Bambous. Cependant, l’usine reste inutilisée, ce qui suscite des inquiétudes quant à sa rentabilité, son efficacité et sa conformité aux normes environnementales internationales. Cet article examine l’histoire des installations rejetées, en considérant les défis qui ont conduit à un fonctionnement inefficace de l’usine, et en mettant en évidence les leçons potentielles pour l’avenir.

Contexte : Gestion des déchets à Maurice

La petite nation insulaire de Maurice, avec une population d’environ 1,3 million d’habitants, lutte depuis longtemps pour gérer efficacement ses déchets. En 2015, l’Autorité nationale de gestion des déchets solides (NSWMA) a estimé que le pays produisait environ 500 tonnes de déchets solides municipaux par jour. Malgré plusieurs initiatives de recyclage, une partie importante des déchets est mise en décharge, ce qui pose de nombreux défis environnementaux.

Entrée des déchets en énergie

En réponse à ces défis, le gouvernement mauricien avait pour objectif d’adopter la technologie de valorisation énergétique des déchets (WtE) dans le cadre de son plan intégré de gestion des déchets solides. La technologie capte l’énergie libérée lors du processus d’incinération des déchets et la convertit en électricité et en chaleur. En théorie, les usines WtE présentent une solution intéressante pour réduire les volumes de déchets, atténuer les émissions de gaz à effet de serre et produire de l’énergie renouvelable.

L’usine de valorisation énergétique de Bambous

En 2018, Maurice a inauguré sa première usine de valorisation énergétique des déchets à Bambous, pour un coût de construction d’environ 3,4 milliards de roupies mauriciennes (environ 105 millions USD). L’usine, construite sous la supervision de l’entrepreneur indien National Engineering Industries Limited (NEIL), a été conçue comme une installation de pointe, équipée de deux unités d’incinération de déchets d’une capacité de 11 tonnes, de deux systèmes de contrôle de la pollution de l’air et d’un générateur d’électricité de 2 MW. . L’usine devait produire suffisamment d’électricité pour approvisionner toute la région de Bambous et recycler 70 % des déchets à des fins agricoles.

Rejet, dilemmes et retards

Cependant, l’usine n’était pas opérationnelle peu de temps après son inauguration. Un système de détection de méthane qui devrait faire partie des systèmes de contrôle de la pollution atmosphérique n’a pas été installé et une conduite auxiliaire a été laissée exposée, libérant potentiellement des polluants nocifs. Des inquiétudes ont été exprimées par le Congrès des syndicats mauriciens (MTUC) et d’autres groupes et militants environnementaux quant à la conformité de l’usine aux normes environnementales internationales. L’usine n’a pas réussi à obtenir l’autorisation de sécurité de la Joint Local Authorities and International Standards (JLAIS), l’institution chargée de surveiller la construction, la conformité et la sécurité des installations à Maurice.

L’installation WtE n’a reçu son autorisation d’exploitation qu’en avril 2019 et n’a commencé à traiter les déchets qu’en juin 2019. Cependant, la production a été nettement inférieure à ce qui était prévu. Elle fonctionnait à environ 25 % de sa capacité, ne traitant que deux conteneurs de déchets par mois début 2020. Les contre-performances de l’usine ont suscité le scepticisme quant à la viabilité de la technologie WtE à Maurice, portant ainsi un coup dur à la réputation du gouvernement.

Facteurs contribuant à l’échec

Plusieurs facteurs ont contribué au rôle de l’installation WtE à Bambous comme un cas rejeté à Maurice :

1. Obstacles technologiques : les critiques affirment que l’installation utilisait une technologie obsolète qui ne pouvait pas gérer efficacement la composition des déchets de l’île, conduisant à des inefficacités de production.

2. Manque de surveillance et de responsabilité adéquates : Le gouvernement et les entrepreneurs n’ont pas planifié ou mis en œuvre de manière adéquate l’installation, ce qui a entraîné de nombreux retards, dépassements de coûts et problèmes de sécurité.

3. Tests de marché insuffisants : les projections ambitieuses en matière de production d’électricité et de réduction des déchets n’auraient peut-être pas été réalistes ou n’auraient pas été testées de manière adéquate lors d’essais à petite échelle avant la construction de la centrale.

4. Instabilité politique : une bonne gouvernance est cruciale pour garantir que les grands projets d’infrastructure tels que les installations WtE progressent sans problème. À Maurice, les fréquents changements politiques et scandales ont pu nuire à la crédibilité et à l’efficacité de telles initiatives.

5. Perception du public : Un communiqué de presse a attribué l’échec de l’usine au manque de confiance du public. Si les résidents n’étaient pas suffisamment informés sur la technologie ou préoccupés par ses impacts potentiels, ils auraient pu hésiter à recourir au service d’élimination.

Leçons à appliquer pour l’avenir

Le cas Bambous met en lumière une réalité qui donne à réfléchir : transformer l’ambition en réalité peut être loin d’être simple, en particulier pour les grands projets d’infrastructure faisant appel à de nouvelles technologies. Les leçons suivantes peuvent être déduites du cas de la valorisation énergétique des déchets à Maurice pour guider les futures initiatives de gestion des déchets :

1. Considérations technologiques : Veiller à ce que la technologie utilisée pour les installations de valorisation énergétique des déchets soit adaptée au contexte local, y compris la composition des déchets, le climat et les ressources disponibles.

2. Responsabilité : planifier des projets de valorisation énergétique des déchets avec des structures de responsabilité et des mécanismes de surveillance clairs. Cela implique de définir des rôles clairs pour les entrepreneurs, les agences gouvernementales et les autres parties prenantes dans l’exploitation et la maintenance de l’installation.

3. Engagement du public : Investir dans des campagnes de sensibilisation du public pour informer les résidents sur les avantages et les risques associés aux processus de valorisation énergétique des déchets. Cela améliorerait la confiance du public et sa volonté d’utiliser des services appropriés d’élimination des déchets.

4. Prévisibilité des politiques : maintenir un environnement politique stable dans lequel les initiatives de gestion des déchets peuvent prospérer. Cela implique d’assurer une bonne gouvernance et de la transparence dans la planification et la mise en œuvre des futurs projets.

5. Adéquation à l’échelle : commencer par des projets pilotes à petite échelle pour tester les technologies de valorisation énergétique des déchets avant d’investir dans la construction d’usines à grande échelle. Cela pourrait révéler des problèmes et des défis potentiels dès le début, évitant ainsi des révisions coûteuses ou l’échec du projet.

FAQ sur la valorisation énergétique des déchets à Maurice

T1. Quel est l’avantage proposé d’une usine de valorisation énergétique des déchets à Maurice ?

R : Le principal avantage de l’installation est de transformer les déchets en énergie renouvelable (électricité), ainsi que de réduire la quantité de déchets qui autrement auraient été mis en décharge.

Q2. Pourquoi la valorisation énergétique de Bambous n’est-elle pas opérationnelle ?

R : L’usine de valorisation énergétique de Bambous a rencontré divers problèmes au cours de son processus de construction et de conformité réglementaire, notamment des problèmes de système de détection de méthane et d’autorisation de sécurité, qui ont contribué au retard et à la sous-performance de l’installation.

Q3. L’usine de valorisation énergétique de Bambous pourrait-elle un jour devenir opérationnelle ?

R : Bien que l’usine ait commencé à traiter les déchets en 2019, elle n’a traité qu’environ un quart de sa capacité. Par conséquent, il reste incertain si la centrale fonctionnera un jour à sa capacité prévue.

Q4. Maurice devrait-elle abandonner les projets de valorisation énergétique des déchets au profit d’une stratégie différente de gestion des déchets ?

R : Une usine de valorisation énergétique des déchets présente une alternative respectueuse de l’environnement en matière de gestion des déchets. Il est toutefois essentiel de s’attaquer aux problèmes qui empêchent le fonctionnement efficace d’une telle installation. Une approche globale prenant en compte diverses stratégies de gestion des déchets, notamment le recyclage, le compostage, le détournement des décharges et la valorisation énergétique, sera nécessaire pour concevoir une solution efficace de gestion des déchets à Maurice.

Q5. Quelles leçons Maurice peut-elle tirer du rejet de l’installation de valorisation énergétique de Bambous ?

R : De ce cas, Maurice peut apprendre l’importance de cadres technologiques, politiques et de gouvernance solides pour les projets de valorisation énergétique. Les initiatives futures devraient inclure des essais à petite échelle, des mesures de responsabilisation claires, la transparence et de solides campagnes d’engagement du public pour contribuer à consolider la confiance du public.